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Une caissière porte plainte contre Auchan après une fausse couche

© Jacky Naegelen / Reuters/REUTERS

Le 22 novembre dernier, une salariée du magasin Auchan de Tourcoing avait été victime d'une fausse couche sur son lieu de travail. Estimant que sa direction avait fait preuve d'un «manque de considération» à son égard, la jeune femme a décidé de poursuivre son employeur devant le parquet de Lille.

Une plainte contre X pour «non assistance à personne en danger» et «mise en danger de la vie d'autrui» a été déposée mardi par la caissière d'Auchan City à Tourcoing (Nord) qui a fait une fausse-couche sur son lieu de travail, a appris l'AFP auprès de son avocat. «La mise en danger aurait pu être évitée par la visite médicale prévue par la loi, qui n'a pas été effectuée, même après l'annonce de sa grossesse», dénonce son avocat Me Ioannis Kappopoulous, précisant que sa cliente ainsi que la CGT se sont constituées parties civiles. La plainte a été déposée au parquet de Lille.

Le tragique épisode avait suscité une vive émotion, notamment dans la classe politique. «Toutes les responsabilités devront être rigoureusement établies afin qu'une telle situation, qui a légitimement ému, ne puisse se reproduire»: La ministre du Travail Myriam El Khomri a demandé vendredi 30 décembre dans un communiqué que «toute la lumière» soit faite. La veille, Manuel Valls, avait dénoncé sur Facebook «la marque d'une société déshumanisée, où l'humain est devenu une variable d'ajustement». Quant à Jean-Luc Mélenchon, il avait estimé, lors d'un meeting dimanche 8 janvier, que cet accident était dû au «mépris» des responsables de la jeune caissière.

Une caissière d'un supermarché Auchan City à Tourcoing avait en effet demandé au Comité d'hygiène et de sécurité de l'entreprise (CHSCT) de diligenter une enquête après sa fausse couche sur son lieu de travail. L'inspection du travail avait provoqué une réunion exceptionnelle du CHSCT de l'établissement.

Empêchée de prendre des pauses régulières

La jeune femme de 23 ans a entamé un contrat de professionnalisation de caisse de 6 mois à l'Auchan City de Tourcoing en novembre 2016. Après des malaises et un arrêt maladie, celle-ci apprend sa grossesse. «Quand la caissière a annoncé à sa responsable qu'elle était enceinte, il n'y a eu aucune prise en considération de ce changement. À plusieurs reprises, elle s'était manifestée auprès de ses responsables au sujet de douleurs, mais personne n'a réagi», a déclaré Habib Hamdoud, délégué syndical CGT, lors d'une conférence de presse à l'Union locale de Tourcoing.

Le 22 novembre, la jeune femme a ressenti de «violentes douleurs» au ventre. «J'ai prévenu mes responsables, j'ai demandé à plusieurs reprises d'aller aux toilettes, mais personne ne m'a permis», déclare t-elle. Plus tard, la jeune femme a constaté que son siège était couvert de sang. Le responsable de la sécurité l'a accompagnée aux toilettes et a prévenu les pompiers. «C'était trop tard. Un pompier alla chercher le fœtus dans la cuvette et m'annonça la perte de mon bébé», déclare à l'AFP la salariée, actuellement en arrêt maladie.

Samuel Meegens, secrétaire général de l'antenne locale du syndicat, décrit une mauvaise ambiance dans ce Auchan City. «Cette histoire est l'occasion de montrer le mépris totale de la direction envers leurs employés», explique-t-il.

«Une instrumentalisation par les organisations syndicales»

La direction d'Auchan City a réagi sur Twitter et dans un communiqué. Elle y exprime «sa tristesse et regrette l'enchaînement malencontreux des faits». Aussi, elle «s'indigne de l'instrumentalisation des faits». Auchan s'est défendu de toute faute assurant que «dès que sa hiérarchie a été informée du problème rencontré par l'hôtesse, celle-ci a alerté les secours et l'hôtesse a été prise en charge rapidement», par ailleurs l'enseigne indique que «la salariée n'avait pas sollicité de pause». Selon François Cathalifaud, porte parole du groupe Auchan, il s'agirait d'une «instrumentalisation» de cet événement «par les organisations syndicales».

«Dans cette affaire, il va falloir, dans un premier temps, que la jeune femme prouve le lien de causalité entre son état de santé et ses conditons de travail, mais aussi que l'employeur était bel et bien au courant», explique Me Eva Touboule, avocat en droit social. «Si elle n'a pas prévenu l'employeur, il ne peut être mis en cause». Dans tous les cas, c'est la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) qui décidera si oui ou non la fausse couche est considérée comme accident de travail. Ensuite, l'employeur comme la salariée pourra contester la décision de la CPAM. Le dédomagement sera assuré par la CPAM et sans conséquence pour l'employeur.

En juillet dernier, une caissière avait été renvoyée puis réintégrée, après une erreur de caisse de 85 centimes à l'Auchan City de Tourcoing.

Une caissière porte plainte contre Auchan après une fausse couche

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203 commentaires
  • flanelle

    le

    Le délégué syndical a peut-être instrumentalisé cette histoire, mais il a fait son boulot. En revanche, j'ai pas entendu Mr Martinez, ni Mr Mailly, ni même Mr Berger sur cette question. Tout comme je ne les ai jamais entendu parler de harcèlement moral.

  • Antoine Hennebois

    le

    En contrat se professionalisation depuis combien de temps ?

  • Antoine Hennebois

    le

    En contrat se professionalisation depuis combien de temps ?

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